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De multiples partenariats pour le droit à l’alpha

Version longue de l’article paru dans le Journal de l’alpha 206.

Confronté à la nécessité de « rendre compte » auprès des pouvoirs subsidiants du travail partenarial réalisé par les Régionales wallonnes de Lire et Écrire dans le cadre de la mise en œuvre de plans territoriaux pour l’alphabétisation, le groupe de travail Objectif 1 Région wallonne [1] a « buté » sur la définition même des mots « partenaires » et « partenariat », les uns et les autres ayant leurs propres représentations de ce qui peut se cacher derrière ces mots.

L’article qui suit tente de préciser cette notion pour Lire et Écrire dans le cadre de projets menés en Région wallonne, tout en illustrant le propos de divers exemples et réalités de partenariats mis en place par les Régionales.

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Par Dominique Rossi.

Considéré par certains comme une piste privilégiée dans la recherche d’un nouveau mode de régulation sociale et politique dans les sociétés capitalistes occidentales en transition [2], envisagé par d’autres comme une forme apaisée de l’action collective [3], la notion de « partenariat », encore absente du dictionnaire il y a quarante ans, est aujourd’hui au cœur de tous les projets, tous les rapports, toutes les politiques éducatives, sociales, de développement, de santé… Elle s’utilise également à tous les niveaux : mondial, européen (voir encadré 1), national, régional et local.

Lire et Écrire, une histoire de partenariats

Tantôt envisagé comme un moyen ou un facteur de réussite, tantôt comme une condition indispensable, voire une fin en soi, le travail en partenariat est inhérent à l’histoire de Lire et Écrire, elle-même issue d’un partenariat noué il y a plus de trente ans entre les mouvements ouvriers chrétiens et socialistes.

Déjà en 1998, dans Pour avancer dans une politique de lutte contre l’illettrisme : éléments pour un plan d’action en Région wallonne, Lire et Écrire en Wallonie définissait des actions prioritaires et des axes de travail directement liés au travail en partenariat. À l’époque, il était question de renforcer la concertation et la coordination entre organismes proposant des cours d’alphabétisation, de renforcer la coordination entre les divers organismes d’insertion socio­professionnelle, de créer et/ou intensifier des partenariats, ou encore de construire un réseau pour lutter contre l’illettrisme.

En 2004, dans Vers un plan wallon pour l’alphabétisation, la question du partenariat se cristallise autour de la volonté de mettre en place des plateformes territoriales pour le droit à l’alphabétisation : Lieux d’échange, de réflexion, d’émergence d’idées et d’innovation, les plateformes n’assureraient pas elles-mêmes la mise en œuvre des projets mais leur existence permettrait de sensibiliser de nouveaux partenaires et de travailler collectivement pour faire émerger des projets chez chacun des partenaires présents. Projets qui pourraient porter tant sur la prévention et le lien avec l’école, que sur la prise en compte de l’illettrisme et l’augmentation de l’offre de formation. […] Les plateformes permettront très rapidement de susciter de nouvelles actions ou des changements de pratiques chez les partenaires. [6] Concrètement, cette intention a pris forme peu de temps après, à travers la mise en place de Dispositifs territoriaux pour le droit à l’alphabétisation et la prise en compte des personnes illettrées dans le cadre de la programmation Equal 2005-2007. Ces dispositifs ont permis à Lire et Écrire en Wallonie de poursuivre sa volonté de créer un réseau de partenaires capables de soutenir la personne en situation d’illettrisme. Ce partenariat doit être multidimensionnel, c’est-à-dire fondé sur des partenaires issus de secteurs différents et couvrir l’ensemble du territoire concerné [7].

On retrouve la notion de partenaire également dans la Charte de Lire et Écrire (2009) : Elle [la charte] nous permettra de diffuser nos orientations tant à l’interne du mouvement qu’auprès de nos partenaires et contribuera ainsi à renforcer la cohésion et la qualité de nos actions.

Enfin en 2015, Lire et Écrire en Wallonie démarre un nouveau projet, Partenaires pour l’alpha – Horizon 2020 financé par le Fonds Social Européen, projet à travers lequel Lire et Écrire ambitionne de mener des activités de sensibilisation et de mobilisation de différents services publics et organismes associatifs pour lutter contre les discriminations liées à une non-maitrise des savoirs de base et permettre aux personnes d’accéder à une formation d’alphabétisation dans une perspective d’inclusion active en lien avec des visées d’émancipation individuelle et collective.

Éléments de définition

Le partenariat peut être défini comme une des formes possibles du travail ensemble. Si la littérature est plutôt riche sur la question, nous nous proposons de nous arrêter sur deux définitions qui englobent la réalité du partenariat pour Lire et Écrire.

Tout d’abord celle de Jean-Yves Barreyre, selon laquelle le partenariat se définit comme une association active de différents intervenants qui, tout en maintenant leur autonomie, acceptent de mettre en commun leurs efforts en vue de réaliser un objectif commun relié à un problème ou à un besoin clairement identifié dans lequel, en vertu de leur mission respective, ils ont un intérêt, une responsabilité, une motivation, voire une obligation. [8]

Ensuite celle de Fabrice Dhume, qui présente le travail en partenariat comme une méthode coopérative fondée sur un engagement libre mutuel et contractuel d’acteurs différents mais égaux qui constituent un acteur collectif dans la perspective d’un changement des modalités de l’action – faire autrement ou mieux, sur un objet commun –, qui élaborent à cette fin un cadre d’action adapté au projet qui les rassemble pour agir ensemble à partir de ce cadre [9].

En s’arrêtant sur ces définitions, nous constatons que le partenariat existe pour :

  • réaliser un objectif commun relié à un problème ou à un besoin clairement identifié ;
  • faire autrement ou mieux sur un objet commun.

Ainsi, s’il n’y a pas d’« objectif relié à un besoin » ou d’« objet commun » sur lequel se manifeste une volonté de faire autrement ou mieux, il n’y a pas de partenariat. Ce qui signifie qu’il n’y a pas de partenariat s’il n’y a pas d’action ; ou, dit autrement, il est difficile, voire impossible, de définir un partenariat en dehors d’une action.

L’approche étymologique de Corinne Merini ne fait que conforter les précédentes définitions. Selon elle, le mot partenaire vient de l’anglais “partner”. Il est défini comme une “personne associée dans”. Selon cette signification, poursuit-elle, il apparait clairement qu’il n’est pas possible :

  • de parler de partenariat d’une manière universelle et générale ;
  • de penser que celui-ci est identique à la fois dans les objets et dans les milieux différents et variés où il est appliqué ;
  • de ne pas en préciser l’objet. [10]

Des partenaires, des actions… des partenariats

Au regard des différentes définitions envisagées, on peut clairement affirmer que présenter un travail partenarial ne peut se résumer à établir une liste des institutions et organismes avec lesquels on travaille mais qu’il faut également prendre en compte la combinaison des actions/activités et des acteurs avec lesquels celles-ci sont menées. Il n’y a pas un, mais des partenariats. Cette déclinaison plurielle du partenariat est même infinie. Ses formes vont de la simple information ponctuelle à la fusion institutionnelle. De la réunion légale à la coopération spontanée, les politiques et pratiques partenariales sont diversement encadrées. Avec le partenariat, des acteurs, dotés de pouvoirs variables, interviennent ensemble, pour se consulter, pour décider, voire pour exécuter ensemble un projet. [11]

Carol Landry situe quant à elle les partenariats sur une échelle à huit degrés qui va du plus informel au plus structuré : l’information mutuelle, la consultation, la coordination, la concertation, la coopération, le partenariat, la cogestion, la fusion [12].

Tous les partenaires n’ont pas les mêmes mandats, les mêmes positions institutionnelles, les mêmes marges de manœuvre. De même, les niveaux de participation de chacun d’entre eux varient selon ces différents aspects ainsi qu’en fonction du type d’actions menées (leur nature, leur ampleur, leur durée…). Par ailleurs, certains partenaires se retrouvent mobilisés sur un terme plus ou moins long, dans la même action ou dans plusieurs actions successives. Les intérêts, les responsabilités, les motivations, les obligations mais également les « sensibilités » des représentants des organismes et institutions jouent un rôle dans l’investissement partenarial. Chaque travailleur de Lire et Écrire en contact avec des partenaires pourra témoigner de l’impact de ces aspects sur l’implication dans le partenariat et la réussite de l’action. C’est à ce stade qu’interviennent notamment nos pratiques de sensibilisation au service du développement partenarial [13].

La lutte pour le droit à l’alphabétisation et la prise en compte des personnes qui vivent l’illettrisme revêtant une multitude d’aspects et concernant un nombre conséquent d’acteurs, on comprend aisément notre difficulté, au sein du groupe de travail Objectif 1 de Lire et Écrire en Wallonie, à définir cette notion de partenariat.

Les partenariats développés par Lire et Écrire en Wallonie

Le tableau de bord de l’année 2016 complété dans le cadre de la Convention Région wallonne Alpha rend compte de plus de 1 500 activités menées par les Régionales de Lire et Écrire avec 1 200 partenaires qui ont mis leurs efforts en commun afin de faire autrement ou mieux tant en matière de lutte pour le droit à l’alphabétisation que de prise en compte des personnes qui vivent l’illettrisme.

Partenaires pour l’alpha en Région Wallonne en 2016
Répartition par secteurs d’activités (n = 1200)

On constate que les acteurs de l’Action Sociale et de l’Insertion Socio­professionnelle représentent près de la moitié des partenaires avec lesquels les Régionales ont collaboré en 2016, dont 145 CISP (sur 235 organismes d’ISP) et 105 CPAS (sur 352 organismes d’action sociale). Par ailleurs, près d’un partenaire sur cinq est un acteur culturel (sur 214 organismes, on dénombre 69 opérateurs d’Éducation Permanente, 49 bibliothèques, 26 centres culturels…)

Au total, les Régionales wallonnes se sont investies dans plus de 145 plateformes et coordinations.

Les graphiques suivants montrent la répartition entre les partenariats visant le droit à l’alphabétisation (permettre aux personnes de s’alphabétiser) et ceux visant la prise en compte des personnes en situation d’illettrisme au niveau de leur participation sociale, économique, culturelle, politique et citoyenne.

Émergence de la demande / Permettre aux personnes de s’alphabétiser
(744 activités – Lire et Écrire en Wallonie, 2016)
Prise en compte des personnes en situation d’illettrisme
(859 activités – Lire et Écrire en Wallonie, 2016)

Afin d’illustrer la multiplicité des partenariats mis en place et de mieux saisir leur diversité, voici quelques-uns des partenariats développés en 2016 par les Régionales wallonnes de Lire et Écrire.

À Amay

Le partenariat de Lire et Écrire Liège-Huy-Waremme avec le Plan de Cohésion Sociale (PCS) a permis d’aboutir à l’ouverture d’un groupe de formation alpha dans la commune. C’est le travail en collaboration étroite avec le PCS, la mobilisation de différents partenaires et l’implication du politique et de diverses instances communales qui a permis notamment de mettre en place un dispositif de formation de formateurs volontaires afin d’assurer l’encadrement pédagogique du groupe.

À Barvaux

C’est au départ d’un diagnostic partagé par le Plan de Cohésion Sociale et Lire et Écrire Luxembourg sur les difficultés quotidiennes rencontrées par des personnes très éloignées de l’alphabétisation que l’atelier Je m’débrouille s’est mis en place. Suite à plusieurs séances de sensibilisation, d’autres partenaires se sont également engagés dans ce projet : le CPAS de Durbuy, la Maison Médicale de Barvaux, le Service I-Médiat, le Plan Habitat Permanent de l’Antenne Sociale de Durbuy, l’asbl Maison Source, la Bibliothèque de Barvaux, l’asbl Centre Alpha. Leur nombre et leur diversité permettent de toucher des publics jusqu’alors absents des dispositifs de formation classiques. À raison d’une demi-journée par semaine, Je m’débrouille, à travers les animations proposées (réalisation de cartes de vœux, visite d’un CPAS, recherches sur internet, lecture et mise en pratique d’une recette de cuisine…), vise l’accès aux droits fondamentaux en toute dignité et autonomie.

En Brabant wallon

Lire et Écrire a noué un partenariat avec le CIEP, le CESEP, Les Équipes Populaires et l’asbl Le Crabe afin de concevoir et développer le projet Clés vers l’emploi avec le soutien du Fonds Social Européen. Ce partenariat consiste en l’organisation de sessions de formation de 300 heures destinées à des publics éloignés – voire exclus – des dispositifs habituels d’insertion socio­professionnelle. Il s’agit de permettre aux participant-e-s de reprendre confiance en eux/elles, de découvrir de nouvelles perspectives et d’agir sur leur vie et leur avenir. En 2016, le dispositif s’est organisé à Jodoigne et à Braine-l’Alleud avec le soutien du CPAS et de la Régie de Quartier.

À Dison

La Régionale de Lire et Écrire Verviers travaille en partenariat avec le Centre Culturel de Dison qui met des locaux à disposition des formations. Mais le partenariat va plus loin car le Centre Culturel contribue également à l’animation d’ateliers d’expression artistique, trois heures par semaine. Au-delà de cet aspect « structurel » du partenariat, le Centre Culturel a également permis l’expression d’apprenant-e-s dans le cadre du Festival Les mots nous rassemblent en novembre 2016. À cette occasion, le Centre Culturel a accueilli sur scène six groupes d’apprenants en formation pour des lectures de textes qu’ils avaient produits ainsi que la troupe Osons en Parler, qui y a joué sa pièce Une soif de mots.

À Farciennes

Le partenariat noué par Lire et Écrire Charleroi Sud-Hainaut avec la Bibliothèque permet d’organiser une offre d’alpha depuis plusieurs années [14]. En 2016, dans la lignée du projet Sambre avec vues initié par le Centre Culturel de Sambreville (le CRAC’s), les bibliothécaires de Farciennes ont proposé aux apprenants de s’associer pour une action commune : recueillir leurs coups de gueule et coups de cœur sur leur commune. Cette action a pris la forme d’un diaporama photo où les apprenants sont photographiés sur un lieu dont ils veulent parler avec le texte qui résume leur opinion, leur parole citoyenne. Le diaporama a été présenté au Centre Culturel début 2016 et a connu une prolongation sous forme d’exposition photo fin 2016-début 2017 avec le concours de la Bibliothèque Marguerite Yourcenar de Marchienne-au-Pont. L’investissement des bibliothécaires dans la lutte pour le droit à l’alpha se remarque également par leur participation à la formation de formateurs de base en alphabétisation.

À Mons

La Régionale du Centre-Mons-Borinage a initié un partenariat avec l’Institut wallon de Formation en Alternance et des indépendants et Petites et Moyennes Entreprises (IFAPME) [15]. L’enjeu commun est de rendre accessible certaines formations proposées par l’Institut aux apprenants qui sortent d’un dispositif d’alphabétisation. En 2016, le partenariat s’est matérialisé par l’organisation de groupes de travail autour de la question des compétences/savoirs nécessaires pour intégrer certaines formations. Lire et Écrire a également animé un stand de sensibilisation à l’occasion des Portes ouvertes de l’Institut.

À Namur

Le partenariat mis en place par la Régionale avec le département social de la Haute École Henallux a permis de coconstruire et coanimer des séances de sensibilisation pour les étudiants de première année « assistant social » à travers une exposition interactive. Ce sont ainsi plus de 200 étudiants qui ont pu être sensibilisés à différentes questions liées à la problématique de l’illettrisme : « De qui parle-t-on ? De quoi parle-t-on ? La faute à qui ? Notre société en aurait-elle besoin ? Quelles conséquences ? Apprendre à l’âge adulte ? ».

En Wallonie picarde

Lire et Écrire a développé un partenariat avec l’Instance Bassin Enseignement qualifiant – Formation – Emploi (IBEFE). Il s’agit là d’un partenaire historique pour Lire et Écrire dont les habitudes de travail partenarial remontent à près de vingt ans dans la région. En 2016, ce partenariat avec l’IBEFE a abouti à :

  • la création d’un Pôle synergie Acquisition des compétences de base en Wallonie picarde ;
  • la poursuite de la Plateforme Alpha Wapi avec laquelle un projet Interreg France-Wallonie-Vlaanderen s’est construit en collaboration avec des partenaires français et flamands sur la question du droit à l’alpha au sein de l’Eurorégion Lille-Kortrijk-Tournai ;
  • la poursuite de l’animation du Réseau Alpha Mouscronnois (RAM) [16] ;
  • la participation d’apprenants au Projet Rallye vélo/mobilité organisé par la Plateforme Mobilité mouscronnoise (dans laquelle l’IBEFE est également présente) ;

Parmi les exemples présentés ci-dessus, on peut constater que certains projets sont développés en partenariat « bilatéral » mais que d’autres sont menés via un partenariat réunissant différents acteurs à l’échelle d’un territoire. Ces exemples montrent également combien les secteurs concernés sont multiples et combien les formes de partenariats peuvent varier. Ce qui fait que même si des méthodologies existent en termes de développement partenarial, il s’agit d’un travail « sur mesure » qui doit tenir compte de nombreux aspects : réalités territoriales, contextuelles, institutionnelles, personnelles…

En rassemblant des acteurs de différents secteurs, la mobilisation de partenaires par territoire permet une meilleure connaissance réciproque, de mutualiser les ressources et de renforcer le sentiment de solidarité chez les différents acteurs, notamment à travers la réalisation collective de diverses actions. On l’a vu plus haut, l’implication des Régionales de Lire et Écrire dans les Plans de Cohésion Sociale permet de mettre en œuvre des actions en faveur de la prise en compte des personnes illettrées, mais également de l’organisation de formations en alphabétisation.

Certaines plateformes/coordinations s’organisent à l’échelle d’une sous-région ou d’une commune. Certaines ont pour objet l’alphabétisation et ciblent les personnes qui vivent l’illettrisme, tandis que d’autres se donnent un domaine d’intervention plus large. Exemple : Coordination Éducation Permanente en Brabant wallon, Pop Up Virus Culturel (Plateforme culturelle, associative et artistique à Mons), Coordination et Orientation Régionale en Français Langue Étrangère sur Charleroi (CORFLEC), Réseau Liégeois d’Alphabétisation, Coordination Luxembourgeoise Asile et Migration en Province du Luxembourg (COLUXAM), Coordination Namuroise des Formations à l’Autonomie (CNFA), Plan Local d’Intégration Verviétois (PLI), Conseil de Développement Wapi 2025…

La question du droit à l’alpha concernant l’ensemble des acteurs de notre société, il n’est pas aisé de définir une stratégie globale de sensibilisation, de partenariat et de mise en réseau. Dans le combat que nous menons, aucun partenariat n’est à priori inutile : qu’il soit mené en « bilatéral » ou via l’implication dans des plateformes/coordinations au niveau d’un territoire régional ou local. Ainsi, prendre en compte la question du droit à l’alphabétisation et des publics infrascolarisés dans le projet de développement d’un territoire recouvre des enjeux politiques majeurs et la participation de nos Régionales à des plateformes plus locales permet d’informer et de sensibiliser des acteurs qui peuvent se révéler des relais pour l’alpha jusqu’alors insoupçonnés (entraineurs de foot, policiers, directeurs d’école, etc.). Ces deux types de partenariats, loin de s’opposer, se complètent.

Mais il convient de ne pas se disperser, de tenir compte des ressources dont nous disposons et des réalités territoriales qui sont les nôtres pour définir des plans d’actions les plus efficients possibles en mobilisant le monde associatif, les services publics, les partenaires institutionnels et financiers (voir encadré 2), les apprenants (voir encadré 3) et chacun-e de nos concitoyen-ne-s susceptible de se sentir concerné-e par le droit à l’alphabétisation pour toutes et tous.

Au final, et nous le constaterons tout au long de ce numéro du Journal de l’alpha, le travail en partenariat est inhérent à la lutte pour le droit à l’alphabétisation et la prise en compte des personnes qui vivent l’illettrisme. Basé sur une volonté d’action collective, l’alphabétisation populaire nous oblige à nous ouvrir au monde qui nous entoure afin de le transformer. Ceci passe inéluctablement par la sensibilisation et la mobilisation de différents partenaires des secteurs culturels, sociaux, politiques… C’est avec nos partenaires et avec les personnes analphabètes qui doivent être au cœur de cette lutte que nous poursuivrons notre combat visant à prévenir et combattre les inégalités dans le but de construire une société plus juste et équitable, plus solidaire et démocratique. [21]

Dominique Rossi, coordinateur de projets,
Lire et Écrire en Wallonie.


[1Ce groupe de travail réunit un⋅e représentant⋅e de chaque Régionale en charge de mettre en œuvre l’objectif 1 de la Convention Région wallonne Alpha : Apporter l’appui nécessaire au développement de la logique des plans d’actions territoriaux pour l’alphabétisation, notamment en poursuivant la mise en réseau des opérateurs et en développant les actions de sensibilisation et de partenariat dans un objectif de prise en compte des personnes en situation d’illettrisme.

[2Tremblay Gaëtan, Les partenariats : stratégies pour une économie du savoir, in Distances et savoirs, 2003/2 (vol. 1), pp. 191-208.

[4Benington John, Geddes Mike, Exclusion sociale et partenariat local : la dimension européenne, in Pôle Sud, no 12, 2000, pp. 79-93.

[6Collectif (sous la dir. de Lire et Écrire en Wallonie), Vers un plan wallon pour l’alphabétisation. Le point de vue de Lire et Écrire, Lire et Écrire en Wallonie, 2004.

[8Barreyre Jean-Yves, Dictionnaire critique de l’action sociale, Fayard, Paris, 1995.

[9Dhume Fabrice, Du travail social au travail ensemble, éditions ASH Professionnels, 2001.

[10Merini Corinne, Le partenariat : histoire et essai de définition, Journée nationale de l’Observatoire des Zones Prioritaires, 5 mai 2001.

[11Damon Julien, Protection sociale et lutte contre l’exclusion. Regards critiques sur le « partenariat », in Horizons stratégiques, 1/2007 (no 3), pp. 82-97.

[12Landry Carol, Émergence et développement du partenariat en Amérique du Nord, in Landry Carol, Serre Fernand, École et entreprise. Vers quel partenariat ?, Presses de l’université du Québec, 1994.

[15Voir : Morabito Caterina, Ma fonction de « responsable de projets filières et passerelles ». Pourquoi, comment et avec quelles retombées ?, dans le présent numéro du Journal de l’alpha, pp. 104-113.

[16Voir : Colpaert Samuël, Le Réseau Alpha Mouscronnois. Un réseau local de lutte pour le droit à l’alphabétisation, dans le présent numéro du Journal de l’alpha, pp. 21-30.

[18Pratique consistant à inclure des membres dans un groupe, mais de manière limitée ou trompeuse, créant ainsi l’illusion d’une intégration, que ce soit intentionnel ou non.

[19Nossent Jean-Pierre, L’histoire récente de l’Éducation permanente : une relecture possible, in Les Cahiers de l’Éducation permanente, no 1, 1997.

[20Réflexions sur le partenariat dans la coopération au développement, in Alter Égaux, n°41, septembre-octobre 2009, pp. 5-8.

[21Charte de Lire et Écrire, Lire et Écrire Communauté française.