Lire et Écrire en Wallonie ne peut que se joindre aux constats présentés dans l’article : la non-indexation d’une partie des subsides, les difficultés de recrutement, la difficulté de stabiliser les équipes vu les subventions qui ne permettent que des emplois limités dans le temps avec des conditions pas toujours en lien avec les attentes du marché du travail, un métier de plus en plus difficile, car en confrontation avec des situations de vie de plus en plus dégradées etc.
Un point n’a, néanmoins, pas été suffisamment abordé dans l’article : les subsides facultatifs. Prenons l’exemple de la Convention de Lire et Écrire en Wallonie établie en sa forme actuelle depuis 2017. Cette convention est une reconnaissance de la problématique de l’alphabétisation dans ses multiples facettes en nous permettant :
- d’accompagner des publics (les publics en réaffiliation sociale, les alpha-travailleurs et les personnes étrangères ou d’origine étrangère) qui n’entrent dans aucune case des décrets ;
- d’aider les apprenants à retrouver une place dans notre société ;
- aux travailleurs en difficultés de lecture et d’écriture de garder leur emploi voire d’évoluer dans leur fonction ;
- de déployer des initiatives autour de la formation, de la sensibilisation à la problématique de l’alphabétisme ;
- de mettre en place un accueil et un soutien tout au long de la formation ;
- …
Toutes des actions qui, sans cette convention, ne pourraient voir le jour ou dans une moindre mesure. Ce subside facultatif est donc bien plus qu’un simple coup de pouce ponctuel. Mais si cette dernière permet d’éviter une catastrophe sociale, surtout dans le contexte que l’on connaît aujourd’hui, elle n’est pas structurelle. La conséquence à cela : malgré le fait qu’il est prévu d’indexer la convention, les moyens budgétaires n’étant pas suffisants, aucune indexation n’a été mise en place. Si on se limite à la période 2017-2022, c’est une perte structurelle de 12 %. Ce n’est pas rien.
Nous ne sommes pas des idéalistes déconnectés des réalités. Que du contraire. Nous avons les pieds, le cœur et la tête bien ancrés dans ces réalités de vie qui se dégradent et auxquelles nous sommes confrontés quotidiennement. Les enjeux sont bien présents et urgents.
Nous sommes des travailleurs au cœur de la société qui, chaque jour, produisons de la richesse pour notre société :
- Richesse économique par la mise à l’emploi ou la remise sur la voie d’une insertion professionnelle de publics éloignés ;
- Richesse intellectuelle en permettant à ces publics de faire société, de comprendre dans quel monde ils évoluent ;
- Richesse émotionnelle en plaçant au cœur de notre métier les relations sociales et humaines. Soit un accompagnement social qui se doit de créer progressivement un lien de confiance avec l’apprenant suivi pour l’accompagner au mieux ;
- Richesse sociale en participant à une société plus juste et équitable qui prend en compte l’entièreté de la population.
Derrière cette convention et cette non-indexation, on voit dès lors se dessiner des enjeux plus importants de reconnaissance des actions effectuées et de la pertinence de celles-ci. Pourtant, nous ne sommes pas des râleurs sans proposition de collaboration. Bien au contraire, nous plaçons nos compétences résolument du côté du partage des savoirs, de l’entraide, de la différence, de l’intelligence et de la sensibilité.
Nous sommes une force de travail et une ressource indispensable pour aider les politiques publiques à opérationnaliser leurs stratégies et mener les projets de terrain pour améliorer les conditions de vie des citoyen
ne s en Wallonie.À travers cet exemple, on voit bien que ces financements ne sont pas tous des coups de pouce pour un projet limité dans le temps. Il est temps que ce type de subventions facultatives devienne pérenne et puisse être indexé.