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Le développement des smart cities : l’enjeu urgent de l’inclusion numérique des publics fragilisés

La 3e édition du baromètre du Smart city Institute vient d’être publiée. Bien que l’idée de la smart city reste actuellement encore pour beaucoup un concept et pas une stratégie opérationnelle, 87% des répondants [1] le perçoivent comme un moyen de digitaliser les services communaux. Une question très forte doit se poser : celle de l’accès au droit social et le risque d’exclusion des publics fragilisés.

Selon la 3e édition du baromètre du Smart City Institute, la dynamique Smart City semble doucement se mettre en place dans nos communes et ce, qu’elles soient rurales ou urbaines. Si jusqu’à présent, elle était surtout perçue comme un moyen de créer une image de marque pour une commune, les choses sont en train d’évoluer. En effet, en 2020, les communes y ayant répondu associent le concept à la digitalisation des services communaux (87%), à la participation inclusive des citoyens et des acteurs publics et privés (66%) ainsi qu’à l’amélioration de la qualité de vie (61%). Cela pose la question de la fracture numérique et de l’inclusion des publics fragilisés.

En réalité, nous devrions parler de fractures numériques au pluriel. Si la plus évidente est celle de l’accès, les deux autres le sont moins. Ainsi, bien qu’on ait la possibilité d’aller sur internet, encore faut-il pouvoir se débrouiller de manière autonome dans ce monde numérisé. La question de la compétence technique est une partie de la difficulté, celle de la compréhension une autre : comment fonctionne un moteur de recherche, que se cache-t-il derrière ces pop-ups de respect des droits…

De même, le plus gros enjeu lié à la digitalisation est la vitesse hallucinante à laquelle les technologies de l’information évoluent. Bien que la plupart d’entre nous soient à l’aise, aujourd’hui, avec les outils informatiques, aucun ne peut garantir qu’il en sera de même d’ici 5 ans. Il suffit d’avoir une mise à jour qui vient bousculer toutes nos habitudes pour se retrouver complètement perdu. La question de la formation est donc un enjeu urgent.

Aujourd’hui, en Wallonie, les femmes seules sont le groupe le plus vulnérable sur le plan de l’accès à internet à domicile : 30% d’entre elles vivent dans un ménage sans connexion internet contre 23% des hommes [2]. Ce n’est qu’un public parmi d’autres fragilisés. Le public en difficulté de lecture et d’écriture est encore plus discriminés : comment faire pour prendre rendez-vous via internet avec les services communaux si on ne sait ni lire ni écrire et qu’on ne sait pas formuler un mail ? Comment répondre aux enquêtes publiques si on n’a pas accès à internet ? Comment envoyer un formulaire si on se retrouve démuni face au pop-up « je ne suis pas un robot » car on ne comprend pas le mot « tracteur » lié aux images qu’on voit ?

La vocation d’un service public et encore plus au niveau communal est d’être accessible à l’ensemble de la population, y compris ceux qui sont les plus fragilisés. Parmi les 87% qui souhaitent digitaliser les services communaux, combien ont réfléchi aux difficultés de ce public et en particulier à ceux qui ne savent ni lire ni écrire ? Combien d’entre nous seront sujets à cette inégalité demain si ces enjeux ne sont pas pris en compte dans les stratégies de digitalisation des communes wallonnes ?

Mesdames, Messieurs les élus, pensez inclusion. Il est indispensable de maintenir des canaux alternatifs, des espaces où ceux qui se retrouvent démunis puissent trouver de l’aide pour réaliser ces démarches dans un monde de plus en plus digitalisé.

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Maude Bertrand - 081 24 25 05 ou maude.bertrand@lire-et-ecrire.be


[1Répondants = les directeurs généraux et bourgmestres de 53% des communes wallonnes.

[2Source : Digital Maturity Barometer of Walloon citizens, AdN