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Vous n’utilisez pas la banque en ligne ? Alors vous payerez plus cher…

Les oubliés du numérique

Communiqué de presse

Sous prétexte que les paiements numériques se multiplient et gagnent chaque jour du terrain, les grandes banques belges ont décidé de supprimer leurs distributeurs automatiques de billets. Cette position a déjà fait parler d’elle plusieurs fois (et a déjà amené Lire et Écrire à réagir) : Vous n’utilisez pas la banque en ligne ? Alors vous payerez plus cher.

Cette conséquence, celle « de la double peine » que nous redoutions et que nous avions déjà dénoncée est de nouveau vérifiée par le nouveau positionnement de KBC, qui souhaite faire payer ses clients pour retirer du cash dans les distributeurs du réseau Batopin.

Nous sommes dans un changement sociétal où les TIC prennent un envol sans précédent. Pourtant leur (in)accessibilité dans leur usage au quotidien n’est pas toujours prise en compte malgré le fait que ce n’est pas une évidence pour tout le monde. 40 % des Belges sont à risque d’exclusion numérique ; parmi eux, les personnes en difficulté avec l’écriture et la lecture. L’inclusion de toutes et tous doit être une priorité dans cette société de plus en plus dématérialisée. Aujourd’hui, des personnes sont écartées de la vie, de l’exercice de leur citoyenneté ou freinées dans leur autonomie, notamment par le recours de plus en plus courant au numérique par les agences bancaires. Rajouter à cela une sanction financière pour avoir accès à un distributeur est une claque supplémentaire pour les oubliés du numérique.

Après les frais liés au virement papier (qui coûte plus de 3 euros s’il est réalisé à un guichet), cette double peine trouve une nouvelle illustration à travers le retrait d’argent en cash dans les nouveaux distributeurs du réseau Batopin. Les journaux Le Soir et Sudinfo en parlent aujourd’hui, mais plusieurs associations actives dans l’inclusion financière ou la défense des consommateurs (Financité, Testachats et Okra) le dénonçaient haut et fort depuis plus longtemps. Dans un communiqué commun publié le 30 novembre, elles déclaraient : Nous avons déjà dénoncé l’année passée le fait que KBC supprime ses propres distributeurs d’une part, et décide, d’autre part, de considérer les distributeurs Batopin comme externes à son réseau, ce qui rend de facto payants (0,5 EUR) les retraits dans ces distributeurs pour certains de ses clients et clientes, explique Julie Frère, porte-parole de Testachats. Depuis lors, CBC a suivi et facture 0,2 EUR par retrait pour certains de ses clients dans les distributeurs Batopin. Cela nous paraît tout simplement inacceptable !

Pour un service qui a pour vocation d’être accessible à tous, comment peut-on justifier ce choix ? C’est une double peine pour les personnes qui ne savent ni lire ni écrire et qui éprouvent d’une part des difficultés à utiliser les services en ligne et d’autre part qui vont devoir payer plus cher pour un service normalement universel. Où est passée la mission d’accessibilité bancaire à l’ensemble de la population ? Quelle réponse apporter à une personne qui ne sait pas utiliser les paiements sans contact et qui se voit obligé de payer plus cher pour retirer de l’argent ? La perte d’autonomie et la sanction financière a de quoi interpeller.

Pour Lire et Écrire, cette décision porte atteinte à l’accès aux droits d’une partie de la population, utilisatrices faibles des services (bancaires) en ligne. Notre association demande également le maintien d’un large réseau de distributeurs de billets sur l’ensemble du territoire et une large transparence quant au projet Batopin qui se dit œuvrer au redéploiement plus équilibré d’un large maillage de points de retrait d’argent cash à travers le pays. À lire l’analyse de notre collègue bruxelloise Iria Galván Castaño, nous avons toutes les raisons de nous inquiéter et nous applaudissons dès lors le lancement d’une enquête de l’Autorité belge de la concurrence sur le projet Batopin.

Contact presse : Cécilia Locmant - cecilia.locmant@lire-et-ecrire.be - 0474 33 85 60