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Le public qui se présente aux « Points-accueil » de Lire et Écrire Bruxelles

Qui est-il ? quelles sont ses caractéristiques ?

Complément au Journal de l’alpha 203 : Accueillir, orienter et accompagner.

Par Maria Herraz, Josée Mailhot et Noël Iyakarenye.

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Alpha écrit, Alpha-FLE et FLE de base

Même si les « Points-accueil » de Lire et Écrire Bruxelles visent à accueillir et orienter un public qui a un niveau de compétences au maximum équivalent au Certificat d’études de base (CEB), des personnes ayant obtenu des diplômes au-delà du CEB sont également reçues et orientées.

En 2015, Lire et Écrire Bruxelles a accueilli et orienté 2126 candidats-apprenants : 61 % en Alpha [1]/Alpha-FLE [2], 16 % en FLE de base [3], 22 % en FLE scolarisé [4] (Inconnu = 1 %).

Nationalités

Le public qui pousse la porte de Lire et Écrire vient de différents horizons, il fluctue en fonction des mouvements migratoires liés aux évolutions géopolitiques et aux réalités socio­économiques (manque d’emploi, conditions de vie très précaires…) dans certains pays ou régions du monde, mais aussi des politiques d’immigration et des politiques d’insertion socio­professionnelles que les instances fédérales, régionales ou communales mettent en place.

De cette manière, l’accueil est une sorte d’observatoire de l’impact des décisions politiques intérieures et des situations géopolitiques et socio-économiques extérieures à la Belgique. C’est ainsi que les profils des demandeurs et leurs demandes évoluent et que ces changements sont mesurables d’un point de vue quantitatif. En comparant les années 2013, 2014 et 2015, nous pouvons effectivement constater une évolution du profil du public accueilli en lien avec ces situations.

Ainsi, en 2015, la crise des réfugiés a pris une place primordiale dans les « Points-accueil » de Lire et Écrire Bruxelles. En comparant les graphiques ci-dessous, nous constatons que le public syrien a triplé depuis 2013 et nous trouvons une tendance encore plus marquée pour le public iraquien.

Ainsi également, le public d’origine guinéenne, pays d’Afrique de l’Ouest économiquement très pauvre (55 % des Guinéens vivaient sous le seuil de pauvreté en 2012 [5]), même s’il est resté stable au cours de la période 2013-2015 (6 à 7 % des personnes accueillies) occupe la 3e place en 2013 et 2014 (juste après les Marocains et les Belges – voir ci-dessous), et la 4e en 2015 (année où les Syriens ont pris la 3e place).

Le public marocain reste cependant le plus nombreux pour ces trois années (entre 22 % et 28 % du public accueilli entre 2013 et 2015). Ceci semble essentiellement lié à la forte présence d’une communauté marocaine à Bruxelles.

Juste après, le public belge est le 2e groupe numériquement le plus important (entre 22 % et 24 % pour les mêmes années). Toutefois, ces personnes sont, pour la toute grande majorité, des personnes d’origine étrangère ayant acquis la nationalité belge. Ceci signifie qu’elles n’ont pas eu un parcours scolaire en Belgique car rares sont les candidats-apprenants qui sont nés en Belgique ou sont arrivés à un âge qui leur a permis d’y réaliser un parcours scolaire complet.

Sexe

En 2015, et sur la totalité de personnes reçues, il ressort que nous arrivons presque à la parité d’hommes et de femmes qui souhaitent se former : par rapport à l’année précédente, on constate une faible augmentation de 4 % du nombre d’hommes, qui fait monter la proportion d’hommes à 46 % d’hommes pour 54 % de femmes.

Le graphique suivant montre en outre que plus le niveau monte, moindre est la proportion de femmes : de 56 % de femmes en Alpha/Alpha FLE, on descend à 48 % en FLE scolarisé, tandis que pour les hommes, le mouvement est inverse.

Âge

En termes d’âge, le public est très diversifié, toutes les classes d’âge sont représentées. Néanmoins, ce sont les 26-55 ans (75 % des personnes accueillies) qui sont les plus nombreux, soit la classe d’âge à laquelle appartient la majorité de la population active [6] bruxelloise : à Bruxelles, la tranche des 24-55 ans représente 82 % de la population active (15-64 ans) et c’est dans cette tranche d’âge que la population active est la plus nombreuse (80 % de cette tranche d’âge est active) [7].

Voie d’accès

Les statistiques sur la manière dont les candidats/apprenants arrivent aux « Points-accueil » de Lire et Écrire Bruxelles montrent qu’en 2015, 49 % des personnes ont été orientées par des connaissances, la famille ou les amis. Les services des CPAS et Actiris en ont orientées 26 % vers notre institution et 8 % ont été orientées par un organisme d’un autre type tel que les maisons médicales, les crèches, les écoles, les Missions locales et les services ALE de différentes communes, ainsi que par divers services communaux. Les autres associations qui travaillent dans le secteur de l’alphabétisation en ont orientées 4 %. Le « bouche à oreille » reste donc la voie d’accès la plus empruntée.

Maria Herraz, coordinatrice de la mission Accueil et Orientation
Josée Mailhot et Noël Iyakarenye, service Statistiques
Lire et Écrire Bruxelles.


[1Alpha : apprendre à parler, lire, écrire, calculer… pour des adultes francophones ou maitrisant le français à l’oral, n’ayant jamais été scolarisés ou n’ayant acquis aucun diplôme ni en Belgique, ni à l’étranger (ou ne maîtrisant pas les compétences correspondant au CEB).

[2Alpha-FLE : Apprendre à parler, lire, écrire, calculer… pour des adultes non francophones n’ayant jamais été scolarisés ou n’ayant acquis aucun diplôme ni en Belgique, ni à l’étranger (ou ne maîtrisant pas les compétences correspondant au CEB).

[3FLE de base : apprendre à parler et écrire en français pour des adultes ne sachant pas ou peu s’exprimer en français et dont le diplôme scolaire le plus élevé est le CEB (ou qui ont les compétences équivalentes).

[4FLE scolarisé : apprendre à parler et écrire en français, pour des adultes maîtrisant convenablement l’écrit dans leur langue maternelle ou une autre langue usuelle dans leur pays d’origine, et qui ont généralement acquis un diplôme scolaire dans cette langue.

[6La population active regroupe la population active occupée (ayant un emploi) et les demandeurs d’emploi inoccupés (chômeurs).