J'ai moi-même un grand-père qui savait à peine lire et écrire mais avait un tel sens des affaires qu'il a su, dans le Québec des années 50-60, monter son propre « business » et le développer de telle sorte qu'il est devenu un personnage riche et reconnu par ses pairs. Un entraîneur de hockey sur glace célèbre au Canada, Monsieur Jacques Demers, a récemment publié ses mémoires dans lesquelles il révèle son analphabétisme fonctionnel.
En Afrique, aujourd'hui encore, beaucoup de commerçants ne savent pas lire et écrire mais s’appuient sur toutes sortes de compétences pour leur permettre de développer leur commerce et d’en tirer profit. Ces personnes voyagent, mènent des transactions à travers les frontières de l’Afrique et souvent même à l’étranger, en Asie ou ailleurs. Pour leur communauté, elles sont l'exemple même de la réussite et on les encourage souvent à partir faire fortune en Europe.
Mais voilà, dès qu'elles arrivent sur notre territoire, la désillusion est complète. Trouver un travail en Europe lorsque l'on est analphabète est une tâche qui s’avère des plus difficiles. Que l'on ait travaillé pendant plusieurs années dans son pays d'origine ne change rien, au regard des européens, l'analphabétisme n'est pas compatible avec l'emploi.
J'ai d'ailleurs eu récemment l'occasion d'entendre un chef d'entreprise qui était interviewé sur une radio belge et à qui l'on demandait son opinion sur la question de l'analphabétisme. Voici, de façon globale, sa réponse : « en Belgique, on parle de 10% de la population qui serait analphabète. Ceci est très interpellant car cela veut dire 10% de chômeurs »…
Une analyse de Lire et Écrire Bruxelles, novembre 2005.
Télécharger le texte complet (pdf).