La proposition insistait également lourdement sur la sensibilisation des personnes à l’importance de se former, qu’elle présentait comme indispensable afin d’augmenter les nombre des adultes en formation.
Une question à laquelle Lire et Écrire s’était intéressée ces derniers mois à travers la publication d’une étude intitulée La place de l’éducation des adultes dans les politiques européennes et la mise sur pied d’un séminaire le 18 octobre dernier qui avait donné la parole au député européen Claude Rolin sur ce dossier.
- European Vocational Skills Week
- Par DG EMPL, licence Creative Commons by-sa 2.0.
Notre message
C’est dans ce cadre que Lire et Écrire Communauté française a été invité à présenter, lors de cet évènement, ses actions en matière de sensibilisation.
Après avoir rappelé que l’objectif général de Lire et Écrire en matière de sensibilisation (c’est-à-dire attirer l’attention de l’opinion publique et des pouvoirs publics sur la persistance de l’analphabétisme et sur l’urgence d’en combattre les causes et d’y apporter des solutions
), nous avons insisté sur les principes qui gouvernent nos actions, à savoir informer des possibilités de formation tout en déculpabilisant les personnes en difficulté avec l’écrit pour leur permettre un réel choix (y compris de ne pas se former, d’interrompre sa formation, etc.)
Concernant nos actions proprement dites, nous avons mis l’accent sur l’importance de notre action au niveau local, grâce au travail des coordinateurs « sensibilisation » dans chacune de nos régionales : bouche à oreille, médias locaux, contacts avec d’autres associations, services sociaux ou de l’emploi, etc. Nous avons également souligné l’importance de la participation des apprenants dans nombre de projets de prévention et de sensibilisation.
Des politiques publiques qui nuisent à la qualité de l’apprentissage
Enfin, et c’était là le cœur de notre message, nous avons insisté sur le décalage entre l’impératif de recrutement émanant des pouvoirs publics et la situation sur le terrain. En effet, depuis plusieurs années, le secteur doit faire avec des financements insuffisants, des politiques d’activation amenant en formation des personnes non volontaires et, ce, aux dépens des demandes spontanées qui ne trouvent plus satisfaction (5000 refus pour l’ensemble du secteur en 2012 !)
Nos dernières campagnes de sensibilisation se sont d’ailleurs fortement focalisées sur ces dangers de catégorisation des publics et leurs conséquences en matière d’exclusion des personnes les plus fragilisées. C’est bien cette situation qui a amené Lire et Écrire à éviter de concevoir des campagnes suscitant de nouvelles demandes d’entrée en formation, pour se concentrer depuis plusieurs années sur le caractère contreproductif de politiques publiques qui nuisent à la qualité de l’apprentissage des personnes.
Et après
Au niveau de l’UE, les États membres ont récemment approuvé l’initiative de la Commission visant à augmenter les possibilités de formation en « compétences de base », mais ont abaissé les exigences présentes dans le texte initial. Ainsi, de manière significative, la notion de « garantie » a été jugée trop ambitieuse, et l’initiative s’intitulera non pas Garantie pour les compétences mais Parcours de renforcement des compétences : de nouvelles perspectives pour les adultes.
S’agissant d’une initiative non contraignante, il est difficile de prédire la manière dont elle sera mise en œuvre en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les États membres doivent présenter, dans un an, les mesures qu’ils comptent adopter en la matière.