Selon Frédérique Mawet, directrice du CIRÉ, la preuve de l’intégration constitue désormais un critère d’accès à la nationalité, alors que l’acquisition de la nationalité a longtemps été envisagée comme un facteur concourant à la réussite de l’intégration. En reprenant la logique de ce propos, on pourrait dire également qu’aujourd’hui la maitrise de la langue constitue une preuve d’intégration, alors que l’intégration a longtemps été envisagée comme un facteur concourant à l’apprentissage de la langue. Forte est la tendance à confondre but et moyen…
Le parcours d’accueil pour les primo arrivants, tel qu’il se dessine dans les Régions flamande, bruxelloise et wallonne, semble relever d’une vision restreinte de l’intégration avec une focalisation sur l’apprentissage de la langue. Cette focalisation apparait tant au niveau de la mise en place d’un module spécifique d’apprentissage de la langue, qu’à travers le recours à des tests standardisés d’évaluation des compétences linguistiques destinés à évaluer le parcours de formation.
Dans cet article, nous nous proposons de questionner la focalisation sur l’apprentissage du français, très présente dans le décret, en trois points :
- Désigner la maitrise de la langue comme un prérequis à l’intégration, n’est-ce pas risquer de limiter les possibilités d’apprendre naturellement la langue, en dehors d’un temps de formation spécifique ?
- Le temps d’apprendre : la maitrise de la langue peut-elle être fixée dans une durée déterminée, identique pour tous ?
- L’évaluation : quelle information nous apportent les tests standardisés d’évaluation des compétences linguistiques ?
- Plus fondamentalement, cet article questionnera aussi la focalisation sur l’apprentissage du français, en reposant la question de la place des langues de naissance dans les processus d’alphabétisation et d’intégration.