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Bulletin de veille documentaire no 2, mai 2018

L’avancée de la recherche dans le secteur de l’alphabétisation

Le Bulletin de veille documentaire fait écho trois fois par an de l’avancée de la recherche nationale, européenne et internationale dans le secteur de l’alphabétisation. Il se compose d’une sélection d’études, d’enquêtes quantitatives et qualitatives, d’articles de presse, de revues professionnelles et scientifiques en lien avec l’alphabétisation ou les publics concernés.

Outil de communication, il est destiné à mettre à disposition des chercheurs ainsi qu’auprès des personnes intéressées des ressources pertinentes afin d’être informé et de comprendre les évolutions des domaines liés à l’alphabétisation. Il est organisé par thématiques afin de mieux identifier les informations.

Si vous souhaitez recevoir les bulletins de veille documentaire par e-mail, envoyez votre demande à l’adresse aurelie.leroy@lire-et-ecrire.be

Enseignement

PIRLS 2019, Progress in International Reading Litteracy Study. Étude internationale sur les compétences en lecture

Lafontaine Dominique (dir.), Shillings Patricia, Dupont Virginie, Géron Stéphanie, Matoul Anne, Service d’analyse des Systèmes et des Pratiques d’enseignement (Université de Liège), 2017, 22 p. (Belgique)

En ligne.

L’enquête internationale PIRLS, réalisée par l’Association internationale pour l’évaluation du rendement scolaire, mesure les performances en lecture des élèves de 4e année de l’enseignement primaire (10 ans) et est menée tous les 5 ans en Fédération Wallonie-Bruxelles depuis 2006.

Au niveau international, elle est conduite auprès de 200 000 élèves dans plus de 50 pays dont plusieurs pays d’Afrique et d’Asie. Elle appréhende également les résultats des élèves en comparaison avec les programmes, les pratiques d’enseignement, l’environnement scolaire et familial.

Quatre processus de compréhension de la lecture sont pris en compte : retrouver et prélever des informations explicites ; faire des inférences simples ; interpréter des idées et informations ; examiner et évaluer le contenu, la langue et les éléments textuels. Chaque processus est évalué sur 2 types de textes : les textes à visée littéraire et les textes à visée informative. Des groupes de pays comparables ont été constitués.

Les résultats montrent que les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont le score le plus faible en lecture du groupe de pays de référence (soit 31 pays concernés). Les scores observés varient selon le genre, l’origine sociale et culturelle ainsi que le retard scolaire. L’évolution des résultats est également analysée et montre un recul des performances (similaire à la France) depuis 2011. L’analyse des niveaux de lecture montrent une proportion de 20 % de lecteurs « précaires » (correspondant au niveau 1).

Deux facteurs explicatifs de ces résultats sont avancés : les spécificités de l’enseignement de la lecture en Fédération Wallonie-Bruxelles et le caractère insuffisant de l’accompagnement des élèves dans l’écrit.

Baromètre de la diversité dans l’enseignement

André Géraldine, Jacobs Dirk, Alarcon-Henriquez Alejandra, UNIA Centre interfédéral pour l’Égalité des chances, 2018, 372 p. (Belgique).

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De multiples recherches ont démontré l’existence de fortes inégalités au sein de l’enseignement belge. De nombreux élèves sortent chaque année du système éducatif sans diplôme et les taux de redoublement restent élevés. L’objectif de ce baromètre consiste à examiner les facteurs liés aux inégalités scolaires en Fédération Wallonie-Bruxelles, en Communauté flamande ainsi qu’en Communauté germanophone.

La méthodologie employée est mixte : elle se compose d’une revue de littérature, d’une enquête quantitative par questionnaire ainsi que d’une analyse qualitative visant à approfondir les résultats des deux premières phases. Des recommandations sont formulées en vue de mener un travail de sensibilisation et de mettre en place un enseignement plus inclusif. Le présent rapport se subdivise en trois parties.

La première partie dresse un état des lieux des connaissances existantes en matière d’inégalités scolaires et de discrimination pour des groupes d’élèves concernés par les critères de l’origine sociale, de l’origine ethnique, du handicap, de l’orientation sexuelle et du genre. Cette revue de littérature analyse trois niveaux de connaissances : le contexte éducatif pour chaque critère, incluant les initiatives politiques, juridiques et sociales ; le parcours des élèves ; les causes et les facteurs des parcours inégaux. L’analyse a mis en évidence notamment qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, les parcours des groupes d’élèves issus des milieux socio­économiques plus faibles, des élèves d’origine étrangère ainsi que des élèves en situation d’handicap apparaissent comme très inégaux. Ces trois groupes d’élèves rencontrent des processus de ségrégation dès l’enseignement maternel. Ceux-ci impactent leurs trajectoires de manière cumulative (taux de retard scolaire, redoublement, changements d’établissement et réorientations vers de formes d’enseignement secondaires moins valorisés tels que l’enseignement qualifiant ou l’enseignement spécialisé, en ce qui concerne le handicap). En outre, le choix des options dans l’enseignement qualifiant montre une certaine persistance des stéréotypes de genre. Les résultats mettent en avant également le fonctionnement du système éducatif comme un « quasi-marché » produisant des espaces hiérarchisés et basés sur la compétition.

La deuxième partie du rapport établit une cartographie de la gestion de la diversité des établissements scolaires aux niveaux primaire et secondaire selon trois dimensions : les politiques de diversité, les pratiques de diversité et les moyens et capacités disponibles pour gérer cette diversité. La gestion de la diversité par les acteurs scolaires apparaît ainsi partiellement déterminée par la position des écoles sur le « quasi-marché ».

La troisième partie étudie comment l’origine sociale, ethnique et le genre interagissent et influent sur les processus d’orientation scolaire au niveau de l’enseignement secondaire. Les résultats révèlent les effets des représentations et stéréotypes sur les arguments d’orientations des enseignants et des directeurs.

Discriminations

« L’auto-discrimination », un obstacle supplémentaire dans la quête d’un emploi chez les jeunes issus de l’immigration

Pinilla Sophie, Van Doosselaere Sarah, Verdonck Dimitri, Fondation Roi Baudouin, 2015, 80 p. (Belgique).

En ligne.

Cette étude exploratoire aborde un aspect assez méconnu de la discrimination : l’intériorisation de la discrimination à l’embauche. Elle repose méthodologiquement, d’une part, sur une recherche bibliographique et statistique. D’autre part, elle se base sur des entretiens qualitatifs réalisés auprès de jeunes immigrés de 1re génération et générations suivantes, âgés de 18 à 30 ans ainsi qu’auprès de chercheurs et acteurs de terrain. Cette étude s’appuie sur les apports de la psychologie sociale arguant que les personnes ayant intériorisé les discriminations subies peuvent développer des comportements de retrait, de démotivation, de résignation ou de désaffiliation qui viennent renforcer le processus d’exclusion.

Des facteurs exogènes explicatifs sont avancés tels que le système scolaire, le rôle des médias, les procédures de reconnaissance des diplômes, le marché de l’emploi. S’ajoutent également des facteurs individuels tels que le manque de « capital social », l’accumulation d’expériences négatives, etc. Les impacts de cette intériorisation sur l’insertion socio­professionnelle sont également analysés.

Droits sociaux

Aperçus du non-recours aux droits sociaux et de la sous-protection sociale en Région bruxelloise. Rapport bruxellois sur l’état de la pauvreté 2016

Observatoire de la santé et du social Bruxelles, Commission communautaire commune, 164 p. (Bruxelles).

En ligne
Résumé.

Pour quelles raisons des personnes éligibles à un droit n’en bénéficient-elles pas ? Ce rapport s’intéresse au phénomène du non-recours aux droits sociaux fondamentaux et investigue le concept de « sous-protection sociale » en contexte de précarité et de pauvreté dans la région de Bruxelles-capitale.

L’étude repose sur des entretiens qualitatifs menés auprès de personnes vivant cette situation et d’intervenants professionnels. La sous-protection sociale est définie par cinq situations concrètes : la non-connaissance des droits, la non-demande, le non-accès, la non-proposition et l’exclusion. Cinq domaines sont explorés : le logement, la formation, l’assurance-chômage, l’intervention majorée (soins de santé) et l’aide sociale au sens large. Les parcours socio­administratifs des personnes sont étudiés afin de mettre en évidence les enjeux et les facteurs liés à l’appauvrissement et à la précarisation des personnes. Les enjeux et impacts de l’automatisation des échanges de données et des droits sont également examinés. Enfin, des propositions de réformes politiques sont élaborées par les personnes interviewées.

Cette étude fait le constat général d’une augmentation de ce phénomène ces dernières années.

Technologies de l’information et de la communication

Baromètre des usages numériques des citoyens wallons 2017. Fracture et inclusion numérique

Raimond Hélène, Agence du numérique, Digital Wallonia, 2017 (Wallonie).

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18 % des citoyens wallons n’utilisent pas l’Internet (contre 31 % il y a 10 ans). Parmi les freins les plus importants à cette utilisation, on retrouve la trop grande complexité d’usage (32 %), l’âge ou l’habileté jugés contraignant (19 %) ainsi que le coût d’accès trop élevé (17 %). Ce baromètre met en évidence plusieurs facteurs explicatifs de l’absence d’accès ou d’utilisation d’Internet : l’âge, la catégorie socio­professionnelle, le genre, le niveau de revenu, la composition de ménage ou encore le niveau d’éducation. Ce dernier constitue l’un des facteurs les plus déterminants : 91% des diplômés de l’enseignement supérieur disposent d’un accès à domicile contre 59 % de diplômés de l’école primaire.

Ce baromètre distingue également trois niveaux de fracture numérique : les inégalités d’accès, les inégalités dans les usages et les inégalités dans la compréhension des processus et enjeux.

Exploiter le potentiel des TIC. Programmes efficaces d’alphabétisation et de numératie utilisant la radio, la télévision, le téléphone mobile, les tablettes et les ordinateurs

Hanemann Ulrike, Scarpino Cassandra, Institut de l’UNESCO pour l’apprentissage tout au long de la vie, UNESCO, 2017, 145 p.

En ligne.

Cette publication présente des exemples de programmes d’alphabétisation innovants menés à travers le monde en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC). Elle témoigne des impacts de l’utilisation de ces technologies sur la motivation, l’autonomie, les échanges, la qualité et l’efficacité de l’apprentissage. En particulier, l’usage de la téléphonie mobile donnerait des résultats très prometteurs en termes d’apprentissage et d’autonomie.

Les expériences relatées montrent également que l’intégration des TIC n’est pas un processus simple. Elle implique une analyse des objectifs visés et de la créativité. Une réflexion apparait également nécessaire sur l’adéquation des outils selon les motivations et capacités des apprenants et enseignants ainsi que sur la prise en compte des réalités du terrain.

Politiques d’éducation tout au long de la vie

Les politiques d’éducation tout au long de la vie dans le prisme de l’Union européenne et des organisations internationales. Analyse comparative du discours politique au troisième millénaire

Rusitoru Mihaela-Viorica, in Revue de l’Association francophone internationale de recherche scientifique en Éducation no 17, 2017, pp. 74-95.

En ligne.

Comment les politiques d’éducation tout au long de la vie sont-elles décrites, comprises et analysées par les décideurs européens et internationaux ? L’objectif de cette recherche est d’approfondir l’analyse des politiques européennes et internationales d’éducation tout au long de la vie sur base d’entretiens qualitatifs effectués auprès de fonctionnaires européens et internationaux impliqués dans la création et la mise en œuvre des politiques éducatives. Trois axes sont étudiés : la définition des politiques éducatives, le rôle de la formation professionnelle et les croisements entre le niveau national, européen et international.

Il en ressort que ces derniers appréhendent globalement le rôle des politiques d’éducation tout au long de la vie selon une approche économique. Celles-ci seraient une réponse à la question de la lutte contre le chômage ; l’alphabétisation étant perçue comme la condition « sine qua non » pour une insertion sur le marché du travail. De ce fait, la dimension du développement personnel chez les apprenants est très peu présente dans les discours. La reconnaissance de toute forme d’éducation se traduit dans la mise en place de systèmes de certification et d’équivalence des acquis formels, non formels et informels (validation des acquis de l’expérience, système de crédits, etc.) et donc de construction d’indicateurs d’évaluations communs.

Ce travail de certifications s’inscrirait dans une volonté de développer la mobilité géographique et professionnelle.

Enfin, la recherche met en avant le débat sur la coordination et les rapports de pouvoir entre le niveau national et européen à propos des politiques éducatives.

Bien que l’éducation soit actuellement une compétence nationale, les organismes européens et internationaux exercent une influence de plus en plus forte sur les politiques d’éducation ; certains souhaitant construire une politique d’éducation commune aux États-membres…