Le paysage de la formation est riche et diversifié. Dans la formation de base, la frontière a toujours été floue entre ce qui relève de l’alphabétisation (alpha) et ce qui relève de l’apprentissage du français langue étrangère (FLE). L’état des lieux de l’alphabétisation en Fédération Wallonie-Bruxelles, publication de référence qui brosse l’offre d’alphabétisation en Wallonie et à Bruxelles, intègre dans sa définition de l’alphabétisation l’apprentissage du français langue étrangère. Le FLE ainsi que l’« alpha-FLE » sont considérés dans le champ très vaste de l’alphabétisation, aux frontières de moins en moins certaines.
Cette confusion s’est accentuée ces deux dernières années avec l’émergence de nouveaux opérateurs de FLE et d’alpha-FLE dans la foulée des moyens supplémentaires injectés dans le secteur dans le cadre du renforcement des politiques d’intégration des primoarrivants. En réponse à la crise des réfugiés de l’été 2015, les Gouvernements wallon comme bruxellois ont réformé les dispositifs d’intégration des primoarrivants. En Wallonie, cela s’est concrétisé dès 2016 avec l’instauration de l’obligation d’apprendre le français pour tout étranger obtenant le droit de séjour et l’octroi de moyens supplémentaires pour ces formations via un appel à projet « initiative locale d’intégration ».
Cet article propose une grille de lecture permettant d’y voir plus clair. Celle-ci prend appui sur les pratiques de terrain, en l’occurrence sur la manière dont les équipes de Lire et Écrire distinguent les différents champs d’intervention dans leurs pratiques d’accueil, de formation et d’orientation. L’analyse porte plus précisément sur ce qui se situe à la jonction de l’alphabétisation et du FLE, soit sur « l’alpha-FLE ».