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Exilé⋅es en transit : un problème à régler ? Des personnes à secourir et à aider.

« La police a mené une vaste opération de démantèlement d’un camp de migrants le long de l’autoroute à Froyennes alors qu’une solution était sur le point d’être trouvée grâce au travail des bénévoles et de l’associatif. » (in L’Avenir, 8 octobre 2020)

Le 26 novembre 2019, Tournai se félicitait, par le vote d’une motion, de devenir « Commune hospitalière ». Tournai s’était ainsi engagée à améliorer l’information et l’accueil des personnes migrantes, quel que soit leur statut.

Et pourtant, ce 8 octobre, une quarantaine de jeunes (15-25 ans) venus d’Érythrée et d’Éthiopie ont pu constater que derrière des logos ou des slogans, la réalité d’un accueil digne et respectueux ne semble pas chose aisée…

Cet événement survient alors qu’il y a quelques jours, la Région Wallonne a adressé à l’attention des Bourgmestre, Collèges communaux et Président.e.s de CPAS une circulaire relative à la situation des personnes en exil signée des Ministres Dermagne et Morreale. Cette circulaire rappelle que :

  • les instruments des Nations Unies, la Convention Européenne des Droits Humains et la Charte Européenne des Droits de l’Homme garantissent à chaque être humain, nonobstant son statut de séjour, le droit à être traité dignement ;
  • en 2017, le Comité Européen des droits sociaux définit comme traitement digne, le droit d’accès pour tous à un abri, aux aliments de base et le droit d’accès aux services de santé et aux médicaments essentiels, indépendamment du statut de résidence ;
  • la Convention d’Istanbul et celle relative aux droits de l’enfant, renforcent les obligations, à charge des États partie, de protection envers les femmes et les enfants ;
  • la Belgique reprend ces droits fondamentaux dans l’article 23 de la Constitution Belge et 422 bis du Code Pénal ; étant un État Fédéral, chaque niveau de pouvoir, à son niveau de compétence, répond à ces obligations de protection.

Cette circulaire invite directement les Communes et les CPAS à encadrer l’octroi des aides matérielles, alimentaires et médicales et à accorder aux associations et aux citoyen.ne.s volontaires des locaux afin de permettre une action plus efficace. Elle appelle également les Provinces à rassembler les partenaires publics et associatifs concernés par la situation des migrants en transit. Enfin, la circulaire indique que l’aide humanitaire à ce public n’est pas constitutif d’une infraction pénale en vertu de l’article 77/7 de la loi du 15 décembre 1980 sur l’accès au territoire, le séjour, l’établissement et l’éloignement des étrangers.

Lire et Écrire, ainsi que les autres membres de la Plateforme pour l’Interculturalité à Tournai et de nombreux bénévoles, se bat depuis plus d’un an pour la mise en place un dispositif humanitaire et d’accompagnement socio-juridique appelé Ré-PIT, destiné aux personnes exilées en transit. Il s’agit d’un dispositif permettant un accueil de jour pour ces jeunes, afin de leur donner de quoi se nourrir, des vêtements, un accès aux soins, des conseils juridiques et une meilleure connaissance de l’environnement institutionnel et associatif, une initiation à la langue française, etc Permettre à ces jeunes hommes et femmes en transit de sortir de leur situation d’urgence est indispensable pour qu’ils et elles puissent poser un choix éclairé sur leur avenir. Disposer d’une solution structurelle est pour ce faire une nécessité absolue et doit être une priorité collective.

Aussi, les membres de la Plateforme pour l’Interculturalité à Tournai demandent aux autorités communales de se positionner pour que soit garantis à Tournai nos engagements internationaux, nationaux et régionaux à l’égard des personnes migrantes. Nous avons jusqu’à présent pu compter sur un soutien solide de la part de la Croix Rouge de Belgique, mais aussi sur la collaboration du CPAS pour l’octroi d’aides médicales urgentes. Malgré une volonté affirmée par la Commune de prendre cette problématique en considération et différentes réunions avec les responsables communaux, nous ne sommes pas encore parvenus à mettre en place des mesures concrètes. A l’approche d’un nouvel hiver, nous demandons aujourd’hui davantage de soutien pour la mise en œuvre du dispositif Ré-PIT.

Derrière le sujet des « migrants en transit », il y a des personnes. Des jeunes hommes et des jeunes femmes. Si nous ne faisons rien, ce sont non seulement ces jeunes mais également nous-mêmes que nous privons d’humanité.

Voir le petit film réalisé la veille du démantèlement pour dénoncer l’inhumanité des conditions dans lesquelles nous laissons ces jeunes, afin de trouver un soutien dans la mise en place du dispositif Ré-PIT.

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