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Les oubliés du numérique

8 septembre 2021 : Journée internationale de l’alphabétisation

En marge d’une société numérique qui ne leur fait pas de place, les personnes qui ont des difficultés à lire et à écrire perdent des droits essentiels… ou y renoncent. Pourtant elles réclament un autre traitement, une existence à part entière dans le monde connecté de demain.

Dans le cadre de sa campagne annuelle, Lire et Écrire a réalisé deux courtes vidéos, « Delete » et « Enter » qui donnent une voix et une réalité à cette question brulante et nous montrent que les personnes en difficulté de lecture et d’écriture, soit 1 adulte sur 10 en Belgique, veulent appuyer sur la touche « Enter ».

Vidéos de la campagne

« Delete » : le numérique exclusif est excluant

« Delete » : le numérique exclusif est excluant
Aujourd’hui, ne pas savoir remplir un formulaire en ligne, télécharger un document, ouvrir un e-mail… peut signifier ne pas bénéficier d’une allocation de revenus, ne pas inscrire son enfant à l’école, ne pas savoir prendre un rendez-vous médical…

Bref, être complètement perdu et exclu ❌ dans ce monde numérisé.
Alors qu’il doit être accessible à tous.

(Vidéo également disponible sur Youtube.)

La numérisation des services publics et privés, extrêmement rapide sous les effets de la crise sanitaire, a plongé toute une partie de la population dans de très grandes difficultés d’accès à des ressources de base ; Vous n’utilisez pas la banque en ligne, alors vous payerez plus cher ; Vous ne savez pas envoyer un mail à la commune, alors vous serez sans papier ; Vous ne savez pas compléter votre dossier de chômage en ligne, alors vous ne serez pas payé ; vous ne savez pas vous inscrire pour la vaccination, alors vous ne serez pas vacciné

L’absence de services de première ligne correctement accessibles à tous est une difficulté majeure constatée par Lire et Écrire depuis mars 2020. C’est ce constat qui a été à la base de notre campagne 2020 Les oubliés du numérique et qui l’est encore aujourd’hui.

« Enter » : pour une société numérique inclusive

« Enter » : pour une société numérique inclusive
Être déconnecté en 2021, c’est très compliqué. Et ce phénomène ne fait que prendre de l’ampleur. Les conséquences de cette exclusion touchent tous les aspects de la vie.

Est-ce une fatalité 😔  ? Bien sûr que non. Et si on inversait la tendance  ? Et si on remettait l’humain au centre  ?

(Vidéo également disponible sur Youtube.)

Notre campagne dénonce les problèmes rencontrés par les personnes qui ne disposent ni des outils ni des usages suffisants pour s’en sortir dans cet univers ultra numérisé. Elle veut aussi faire entendre leur voix quant à ce qu’elles souhaitent pour le monde connecté de demain.

Et ce qu’elles ont à nous dire est essentiel. Elles veulent pouvoir entrer dans cette société numérique et y participer dans ses multiples dimensions. Elles insistent aussi pour placer le contact humain au centre du jeu de cette nouvelle odyssée.

Nos recommandations aux pouvoirs publics

  1. Mettre en place un plan ambitieux de lutte contre la fracture numérique qui prend en compte les personnes en difficulté avec la lecture et l’écriture. Elles doivent pouvoir disposer d’un ordinateur et d’une connexion internet à prix décent. Il s’agit aussi de financer plus largement la formation et l’accompagnement de ces publics aux usages des nouvelles technologies. « On rêve d’une société qui ferait ce qu’il faut pour des personnes comme nous avec nos difficultés de lecture et d’écriture ».
  2. Garder des services publics accessibles à toutes et à tous, en adéquation avec le droit constitutionnel et l’égalité de traitement, et conserver des guichets permettant un accompagnement et un accueil de qualité dans l’ensemble des services publics et d’intérêt général (banques, hôpitaux, mutuelles, etc.)

1 adulte sur 10 : une projection prudente

En l’absence d’enquête en Fédération Wallonie-Bruxelles sur le nombre de personnes en difficultés importantes par rapport aux savoirs de base, Lire et Écrire estime que 10 % des adultes sont concernés par ces difficultés. Un chiffre relativement bas quand on le compare aux résultats obtenus par les enquêtes menées dans des régions ou pays proches. Citons par exemple :

  • L’enquête PIAAC 2013 de l’OCDE, qui annonce, en Flandre, un taux de 14 % de personnes âgées entre 16 et 65 ans ayant des difficultés à comprendre un texte suivi ;
  • L’enquête sur les forces de travail de 2020, qui indique qu’en Belgique 10,8 % de la population âgée de 15 ans ou plus n’ont pas de diplôme ou au maximum un diplôme de l’enseignement primaire. (soit 1 021 949 personnes) ;
  • L’étude française Information et Vie quotidienne, une étude plus précise sur le taux d’illettrisme, menée en 2012 parmi les personnes âgées de 18 à 65 ans et scolarisées en France et qui montre que 7 % de ces personnes sont en très grande difficulté avec l’écrit ;
  • Toujours en France, une nouvelle étude réalisée en 2019 indique que 11,8 % des jeunes âgés de 16 à 25 ans participants à la journée défense et citoyenneté (JDC) rencontrent des difficultés dans le domaine de la lecture. La moitié d’entre eux peut être considérée en situation d’illettrisme (soit 5,3 %). Par ailleurs, près d’un jeune sur dix a une maitrise fragile de la lecture. Enfin, près de huit sur dix sont des lecteurs efficaces. Les performances en lecture progressent avec le niveau d’études. Elles sont globalement plus élevées chez les filles que chez les garçons. Les jeunes des DOM sont particulièrement concernés par les difficultés de lecture. En France métropolitaine, ce sont dans les départements du Nord et dans ceux entourant l’Ile-de-France (Seine-Saint-Denis, etc.) que les difficultés de lecture sont les plus fréquentes ;
  • En Fédération Wallonie-Bruxelles, l’enquête PIRLS de 2016 montre que les élèves de 4e primaire sont les plus faibles lecteurs du groupe des pays de référence (soit 31 pays concernés dont 23 européens). Le niveau de lecture évalué est comparable à celui du Chili. 8 % des élèves de l’échantillon n’atteignent pas le niveau de compréhension le plus élémentaire de l’échelle (niveau 1), soit 2 % de plus qu’en 2011. Ils sont 27 % à atteindre le niveau de compétences de niveau 1. Il y a donc en FWB très peu de bons lecteurs et une proportion importante de lecteurs ne possédant que des compétences de lecture relativement rudimentaires.

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