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La Rivière des désirs coule en plein cœur de Tournai

Retour sur l’évènement

Chaque année à Tournai, des institutions culturelles et associatives se rassemblent autour de l’organisation de l’évènement « Tournai Ville en poésie », à l’initiative de la bibliothèque de Tournai.

Cette année encore, Lire et Écrire Wallonie picarde s’associe à cette manifestation et a livré, dans le square Roger Delannay, dans le cœur historique de Tournai, le résultat du travail réalisé par l’équipe et des personnes qui suivent une formation en alphabétisation.

Venez vous promener au bord de la Rivière des désirs. Venez écouter le bruissement des eaux pures du ruisseau, découvrir le murmure des envies d’ailleurs, de liberté, de solidarité et de partage. Venez profiter de la fraicheur des embruns de la cascade de désirs. Peut-être vous laisserez vous surprendre par le coassement d’une grenouille, ou l’apparition brillante d’un poisson. Peut-être retrouverez vous l’envie des choses simples, le désir de laisser voguer vos désirs au fil de l’eau, vers une vague de plaisir.

C’est avec ces mots que nous avons invité les Tournaisiens, les passants et les usagers quotidiens du square Delannay à venir découvrir la Rivière des désirs, résultat du travail d’écriture des apprenants de l’ensemble des groupes de Lire et Écrire Wallonie picarde et de couture de l’équipe de Lire et Écrire Wallonie picarde.

En février 2021, nous avons été contactés par la bibliothèque de Tournai pour nous intégrer, un peu tard, à l’évènement « Tournai Ville en poésie » qui a eu lieu du 5 mars au 5 avril 2021. Nous avons dû réagir rapidement pour monter un projet qui puisse correspondre à la thématique – désirs et des ires – et qui puisse se réaliser en toute sécurité dans les circonstances que nous connaissons.

Toute l’équipe et les apprenants ont pris à bras le corps la construction du projet

Les envies pour dépasser les besoins.

Je désire le bonheur
J’ai envie de tendresse
Je désire voyager
J’ai envie de sauver les animaux en danger
J’ai envie de sauver les enfants malades
Je désire être protégée
J’ai envie de rester la même
Je désire voir mes vedettes préférées de près

Depuis plus d’un an maintenant, les circonstances nous ont forcés à revoir nos modes de fonctionnement, notre organisation et nos relations, entre collègues et avec les apprenants, s’installant dans une démarche du besoin. De quoi avons-nous besoin pour fonctionner, de quoi les apprenants ont besoin pour continuer à suivre la formation, de quoi avons-nous besoin pour maintenir le contact, de quoi avons-nous besoin…

Et comme une clairière au milieu de cette forêt de besoins, une pause bien méritée dans cette course effrénée, un moment pour nous poser une autre question : de quoi avons-nous envie ? Que désirons-nous ? Pendant quelques jours, quelques semaines, nous pouvions rêver, et emmener les apprenants dans l’expression parfois museler de leurs désirs.

Ce fut donc l’occasion d’imaginer un autre quotidien, une autre facette de l’existence, qui dépasse le besoin matériel, le besoin fonctionnel, mais évoque la légèreté des rêves de chacun, la simplicité de la vie en communauté, le plaisir de retrouver des proches, des moins proches, la beauté de l’ailleurs, proche ou lointain.

Le projet a une autre particularité, à savoir celle de s’inscrire dans une démarche poétique. La poésie qui est régulièrement perçue comme inaccessible, emplie d’une vacuité qui ne sied guère à la formation en alphabétisation, qui devrait avoir un rôle fonctionnel, intégrateur des populations éloignées, de par leur difficulté, de la participation aux activités de la société. Il n’en est rien et si, individuellement, il est peut-être difficile de s’approprier le langage poétique en formation, c’est collectivement que le projet a vu le jour, et que l’expression de la poésie émerge.

Il ne s’agissait pas, au-delà des délais courts qui ne permettaient pas de travailler en profondeur les notions propres à la poésie, de faire écrire des poèmes complexes, d’un seul tenant à chaque apprenant. La poésie du texte est née dans l’apport de chacun, dans l’agrégation des envies et désirs de chacun, dans un long poème fleuve, qui devient un tout, qui est plus que la somme des parties qui l’ont constitué. Un long poème fleuve, donc une rivière, une rivière des désirs, dont le flot ne se tarit pas, les envies des uns se mêlant aux désirs des autres.

J’ai envie…

J’ai envie de savourer une figue fraîche au goût du Sud.
J’ai envie de revoir mes amis d’enfance.
J’ai envie d’entendre le chant des oiseaux.
J’ai envie de me promener avec mes filles.
J’ai envie d’un bateau à la mer.
J’ai envie que les gens puissent s’embrasser à nouveau.
J’ai envie d’un monde meilleur.
J’ai envie de plus de joie et de gaieté.

Et cette rivière s’est matérialisée, sous forme de longues bandes de tissus bleues, décorées de poissons, roseaux, nénuphars et grenouilles et dont le cours était représenté par les mots des apprenants. Un travail artisanal, réalisé en interne, mais dont la beauté est venue sublimer le propos.

Si malheureusement, les aléas de la météo ont fait disparaître la cascade de 3 mètres qui bordait la rivière, les passants ont tout de même pu se promener, profitant de ce petit moment féérique, cette petite pause, en lisant des envies presque universelles comme des désirs plus simples, plus personnels mais tout aussi touchants.

La rivière en vidéo

Rivière de désirs
Un projet de Lire et Écrire Wallonie picarde et de ses apprenants dans le cadre de Tournai, Ville en Poésie 2021.
Musique : (c) Hans Zimmer & Alan Walker - Time

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